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herman de vries, des traces d'or dans le paysage

Des mots dorés dans le paysage, voilà très rapidement résumé l'art d'herman de vries. Son oeuvre artistique est à la fois une réflexion sur l’universalité du paysage, la contemplation de la nature et la place du geste artistique. Geste où l'or joue sa petite part...


Parcours d'herman de vries

herman de vries est né en 1931 en Hollande, il vit et travaille à Eschenau (Allemagne).

De formation horticulteur, il est co-fondateur en 1959 du Groupe Nul, un groupe artistique abstrait minimaliste hollandais proche du Groupe Zéro, de Gutaï ou des Nouveaux Réalistes.

Les principes de base en sont :

  • la monochromie

  • la répétition

  • la sérialité

  • et le traitement direct du matériau.

Tous principes qu'il conservera dans sa propre production. Opposé à la notion de hiérarchie (c'est d'ailleurs pour cette raison qu'il n'utilise jamais de lettres capitales, même dans son nom), et très influencé par la philosophie orientale, pour lui, nature, art (et or pourrai-je rajouter) sont les éléments d’une même équation.


Contemplation de la nature

Sa démarche s’apparente à celle du naturaliste qu'il aurait pu devenir.

Il rassemble et classe les feuilles, pierres, terres, bois et même toponymes, glanés au cours de ses promenades et voyages. Ses œuvres relèvent parfois de la collection (expositions "To be and I am" ou "Chance and change") où les éléments naturels sont rapportés au sein des lieux d'exposition et deviennent "œuvres". "My poetry is the world" est une de ses devises.

A l'inverse, il aime également intégrer l'art au sein même des paysages tout en s'opposant fermement à la notion de land art :

« Pour herman de vries, la nature se suffit à elle-même et n’a pas besoin d’être embellie par l’art […] : la « nature est art », dit-il, car elle est création perpétuelle. Certes, l’artiste ne doit pas non plus prendre la nature pour une scène où disposer ses productions : « je déteste l’art dans la nature», dit encore herman de vries, dont les interventions n’ont, en dépit des apparences, rien de commun avec le Land Art [...]. « Nous nous sommes tellement éloignés de la nature, nous l’avons tellement modifiée, manipulée, détruite, nous avons si bien oublié qu’elle est l’art par excellence, que seul un artifice de plus, celui de l’art humain, peut nous aider à la retrouver. Parce que nous avons perdu toute relation d’immédiateté avec la nature, nous avons besoin de la médiation supplémentaire de l’art pour restaurer l’unité que nous formions avec elle" (Anne Moeglin-Delcroix, Extrait de la Proximité dans la distance, L'art et la nature chez herman de vries, herman de vries, Fage éditions et musée Gassendi, 2009).


La sensibilité du lieu et de l'artiste

En effet, pour herman de vries, l'artiste ne se pose pas en un être supérieur qui a une injonction d'expressivité, mais davantage comme un médiateur qui ramène, tout à la fois, au monde naturel universel et à l'esprit d'un lieu particulier.

Déambulation, contemplation, méditation, et compréhension autant intellectuelle que sensible du lieu caractérisent son humble démarche (tout comme celle qu'il attend de ses "spectateurs").

Cette "inscription" dans un lieu précis se fait ainsi de différentes manières :

  • par les différentes récoltes vernaculaires déjà évoquées (feuilles, terres, pierres...)

  • par le fait de graver des mots (dorés) dans la roche même d'un lieu

  • par le souci d'employer la langue du lieu (telle la phrase en provençal gravée au fond de la fontaine publique du Vieil Esclangon en Haute-Provence "Siáu dins tot çò que viu" ou encore avec les paroles en sanskrit au sanctuaire de Münster) ou le latin.

  • par l'attention aux histoires de ce lieu (tant archéologiques, que géologiques ou encore avec des références prises dans la petite et la grande Histoire (comme la phrase de Pierre Gassendi "ambulo ergo sum" sur le site du sanctuaire de Roche-Rousse).

Parole et geste d'or dans la nature

Le travail artistique qu'il a réalisé sur différents sites, notamment dans les Alpes-de-Haute-Provence (Entrages, Trevans, Authon, sanctuaire de la nature de Roche-Rousse), ramène toujours au lien entre pierre, histoire, langage et ...or.

Le regard qu’il porte sur le monde est fortement influencé par la poésie, ainsi que par la philosophie bouddhiste, où tout est en inter-relation : végétaux et minéraux, êtres vivants, artefacts, pratiques traditionnelles, savoirs de tous ordres... Le rapport au sacré (et non à une religion) est donc aussi fondamental pour comprendre son oeuvre.

herman de vries, par son usage de l'or (tel celui des noms des défunts dorés dans l'art funéraire) :

  • rend "un" lieu - et sa mémoire - visible

  • lui confère un caractère "sacré"

  • met l'accent sur un lien cosmique

  • et lui rend enfin un hommage de façon durable.

[Les photos des œuvres de herman de vries sont également sur Pinterest].






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