top of page

Les graines d'or de Marie-Laure Viébel

Marie-Laure Viébel fait partie de cette famille d'artistes, qui utilisent la feuille d'or d'une manière atypique (tout comme Xavier Noël, J.-J Argueyrolles, Manuela Paul-Cavalier). Sculptrice, doreuse, et un peu cueilleuse aussi... Une de ses matières de prédilection est la graine géante du coco de mer, le lodoicea, issue d'un palmier des Seychelles, qu'elle sacralise par la dorure.


Marie-Laure Viébel, née en 1962, a commencé par la restauration. Là elle a acquis ses lettres de noblesse techniques, pendant 12 années d'apprentissage sur le tas, dans divers ateliers de dorure, puis avec le CAP de Dorure.


Des techniques ancestrales de cette discipline, elle en a gardé toute l'essence, qu'elle a finalement transposé dans ses fameuses « Graines de vie », ces graines géantes de "coco fesse" revisitées. Beaucoup (mais pas toutes) de ses installations artistiques sont en lien avec elle. On en trouve des variations en verre de Murano ou en bronze mais ce sont toutes celles où elle joue avec les feuilles d'or (les "Graines d'or") qui vont nous intéresser plus particulièrement ici.


« Ces formes très rondes, douces, me touchent probablement parce que je suis une femme. Derrière il y a l'idée de la maternité, de la renaissance, du cycle de vie. J'ai aussi été séduite en les touchant, en travaillant dessus, pour la sensualité et la force qui s'en dégagent » dit-elle lors d'un de ses premières expositions à Aix-en-Provence.


Si la graine elle-même est chargée de dualité, d'histoire, de fantasmes et de promesses (comme toute graine...), M.-L Viébel explique avoir voulu lui apporter de la lumière et « la faire entrer dans le domaine du sacré » (préfigurant presque la protection légale dont elle bénéficie désormais). Ainsi, au-delà de sa forme originelle inspirante - une base qu'elle transforme avec les techniques propres au bois doré/sculpture (apprêts, reparure) - le fait d'apposer des feuilles d'or, de plus à la détrempe (qui permet les magnifiques brunis) les éclaire d'un jour totalement nouveau. Ces graines, qu'on pressent être toujours là, enfouies, dessous, mais bien présentes, sortent du milieu naturel pour accéder, une fois « sculptées »-dorées à une autre dimension. C'est déjà le cas, d'une autre manière, dans les arts dits populaires d'Inde ou d'Iran où ces graines ont une forte dimension symbolique.

Ainsi, tantôt les cieux s'y reflètent, tantôt elles sont parées des plumes des anges, tantôt elles deviennent animales (lion, singe) et enfin parfois, elles se rapprochent du corps humain avec une imagerie/des textures en lien avec les organes (sexuels, poumons, reins, bouches...), voire avec leur histoire (Brancusi n'est pas loin, la Bouche de la vérité non plus).

Alors, grâce à un magnifique travail très sophistiqué, fait de reparure et de dorure à la feuille, M.L. Viébel révèle - ramène à la lumière - " le primitif" : ce qui sommeille au fond de ces graines magiques, ce qui les frôle dans le monde naturel, ou ce qui les rapproche des humains (à moins que ce ne soit ce qui nous rapproche d'elles)...



Comentarios


Los comentarios se han desactivado.
bottom of page