Cet article, non exhaustif, traite du sujet passionnant - et bien plus dense que prévu - de l'utilisation de l'or dans la « gastronomie », la cuisine, la nourriture... autrement dit : comment mettre de l'or dans les épinards ?
Le menu est le suivant : mise en bouche/plat/dessert/carte des boissons/digestif et café compris !
J'espère que vous ne resterez pas sur votre faim...(les photos sont visibles sur Pinterest).
Petite mise en bouche en guise d'introduction
Depuis la nuit des temps, l'Homme aime avoir de l'or AUTOUR de lui. Ceci afin de se rapprocher des Dieux, d'anoblir son environnement (architecture, sculptures) et d'en mettre plein la vue à ses congénères. Il ne dédaigne pas en posséder non plus : trésors de pièces et lingots s'entassent dans des coffres-forts, ou circulent comme monnaies d'échange. Enfin, il apprécie également d'en avoir SUR lui : masques funéraires, bijoux, couronnes et autres parures sont légion.
Mais, depuis les années 2000, il semble prendre grand plaisir à en avoir EN lui, dans son propre corps. Il lui sied d'en consommer quoi... Même si ce n'est pas un phénomène nouveau, disons qu'il restait plus anecdotique et réservé aux cercles d'une certaine élite sociale (ne nous leurrons pas, c'est toujours le cas. Nous verrons que seule la photo se démocratise...).
On trouve ainsi les mentions suivantes (avérées ou légendaires ? je n'ai pas vérifié) :
à l’époque de l’Égypte ancienne, il aurait été utilisé comme un aliment « votif »
il aurait été employé comme aliment et décoration alimentaire en Chine et au Japon
Diane de Poitiers, maîtresse d’Henri II, aurait bu tous les matins des bouillons d’or pour conserver un teint éternellement jeune et pâle (nous reviendrons sur le rapport entre or et corps)
durant la Renaissance vénitienne, des amandes sucrées, couvertes d'une feuille d’or, auraient été servies aux invités pour la bonne santé de leur cœur (remarquons au passage l'aspect médicinal de l'or)
au 14ème siècle, dans les "Chroniques milanaises" de Bernardino Corio, une description du repas de noces de Violante Visconsi et Lionel Plantagenêt (1368), indiquerait que les convives se sont vus servir de nombreuses pièces de gibier revêtues de feuilles d’or
au 16ème siècle, l'usage de l'or dans les banquets aurait été tellement courant qu’il aurait forcé le Conseil municipal de la ville de Padoue à imposer une limite à son utilisation pour des buts alimentaires.
L'or est chimiquement inerte. Il n'est ni digéré, ni modifié par l'organisme. Il n'apporte pas de goût supplémentaire (il ne dénature donc pas le reste du mets), ni d'éléments nutritifs (là il y a polémique).
S'il est présent, c'est donc pour le plaisir des yeux, éventuellement pour la texture (un petit craquant-granuleux), le symbole (toujours) et parfois pour l'art (comme les dîners d'or organisés par Frédérique Lecerf).
Une fois passé l'aspect esthétique (non négligeable pour faire le buzz visuel et donc commercial sur les réseaux sociaux), il est intéressant de constater que l'or prend une place de manière plus «récurrente» dans la cuisine (tout comme cette dernière occupe une grande place dans la société actuelle).
D'autre part, il est cocasse de se pencher sur les mets auquel il est désormais ajouté. Car, nous allons le voir, au cours de ce repas, si certaines de ses utilisations sont "attendues" et ont encore lieu parfois dans le cadre de grandes occasions, d'autres sont plus étonnantes.
Civilisation de l'image, gastronomie, or et luxe font très bon ménage.
Passons aux plats du jour !
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