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La dorure à la feuille... mais … c'est quoi ça ?

"De la dorure à la feuille ?... mais … c'est quoi ça ?

Aahhh... oui... tu fais des bijoux ?

Tu restaures des tableaux, des trucs comme ça ?

Tu fais de la reliure ?

C'est dans les églises non ? Mais l'or ... Tu l'achètes où ? C'est de la peinture ? C'est de la poudre ?

Comment ça de l'or en feuilles ? Tu les fais fondre ? Ça doit être cher non ?

Tu les poses avec les mains ? Et puis comment tu les colles ?

Celui qui brille là, c'est un or différent ?

Ah bon, il y a un CAP de Doreur ? Ornemaniste, ça veut dire quoi ?"


Voilà une petite synthèse des interrogations, ou des remarques entendues ça et là, soulevées par ce métier qui ne bénéficie pas, à la différence de certains autres métiers d'art, d'une très grande lisibilité.

Parfois on pense le connaître. Ben oui hein, tout le monde a en tête un truc doré n'est-ce-pas ? Mais tout ce qui est doré n'est pas fait par le doreur ornemaniste  (quid du bijoutier, de l'orfèvre, du relieur-doreur sur cuir, du restaurateur d’œuvres d'art, de l'encadreur ?).

Ou alors, lorsqu'il est bien identifié, il appelle immédiatement soit :

- des images romantiques de la manipulation de la fragile feuille : fascinante au demeurant mais représentant une part minuscule du processus... mais la part la plus "photogénique" (à la différence des autres étapes beaucoup moins "glamour"!)

- des représentations fameuses (Versailles, les Invalides, les miroirs rococos, etc.) et reste donc cantonné au champ d'un passé glorieux et de la restauration classique.

Phénomène contradictoire auquel sont confrontés la plupart des métiers dits d'art (et donnant lieu à différents rapports...) : coincés entre respect/folklorisation du savoir-faire ancestral et tentatives de développement actuelles.


Il faut donc faire œuvre de pédagogie, et non seulement expliquer en quoi consiste son métier, mais également arriver à le sortir de son carcan passéiste, et je dirai même "sérieux" (sans tomber non plus dans le n'importe quoi, dur, dur !) :

- il est nécessaire donc d'en conter l'histoire, montrer les outils, parler des processus techniques spécifiques (notamment ceux propres à la dorure dite "à l'ancienne" traditionnellement faite sur bois), exposer la multiplicité des types de feuilles métalliques qu'un doreur peut travailler, arriver à faire saisir toutes les nuances que l'on peut obtenir avec le même or (matité, brillance), illustrer tout cela à l'aide d'exemples célèbres, etc.

- mais dans le même temps, arriver à faire comprendre le lien avec une pratique plus contemporaine, puisqu'il s'agit de procédés à peu près identiques (même si la mixtion a largement pris le pas sur la détrempe) adaptés à des supports, des objets, des contextes, des motifs différents...


A cela il faut rajouter le rapport symbolique à l'or, qu'il ne faut donc en aucun cas confondre avec l'affreux "doré" (qui n'a d'or que 2 lettres dans le nom) ! Confusion malheureusement répandue et qui, suivant l'état d'esprit du moment, joue en faveur ou en défaveur de l'or.

Il peut engendrer un fort rejet, une sorte de dégoût, ou alors une (trop) grande sacralisation/fascination...


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